La caricature : Idéologie et Satire chez Mostafa Hussein et Jean Cabut

Rawda Youssef Abou-Zeid;

Abstract


Le rire est un phénomène étroitement lié à l’homme comme l’affirme Rabelais dans son chef d’œuvre (Gargantua), le rire est le propre de l’homme. Sans se lancer dans une polémique qui a tant intrigué les philosophes concernant le rire comme un acte réflexe qui existe chez quelques animaux, nous soulignons que le rire intelligent nait d’une réflexion, s’épanouit et s’ancre dans les esprits. Nous pouvons dire que le rire contribue par le biais d’une pensée positive à améliorer la vie comme plusieurs domaines d’art provoquent ce genre de rire. L’art que nous visons dans cette étude est l’art de la caricature qui, selon Melot, est "une arme à la fois terrible et illusoire. Poursuivons la métaphore ; pourquoi cette arme, puisqu'elle sert toutes les causes, peut-elle être considérée comme salutaire, progressiste et même révolutionnaire? Pourquoi est-elle crainte par l'autorité? C'est que l'autorité dispose de la raison, et, ce faisant, ne peut disposer de procédés irrationnels. Quelle qu'elle soit, l'autorité cherche toujours à prendre de force la raison et l'opprimé ou l'opposant ne peut argumenter contre l'appareil idéologique officiel qui se donne pour celui du Droit. Il lui reste ce moyen, souvent ce cri qu'est la satire."
" Le sarcasme est une arme de grande portée, nous remarquons que les orateurs les plus éloquents commencent toujours leurs discours par une anecdote pour attirer l'attention de l'audience…"
Le rire intelligent est un sujet intrigant, c'est en lisant l'analyse du rire selon Bergson que nous avions eu l'idée de choisir un sujet lié au comique. Nous avons essayé de puiser partout pour trouver ainsi un nouveau sujet, un champ d'étude moins élaboré. Les images nous ont toujours éblouies par leur privilège de capter l'attention et influencer les esprits sans recourir aux paroles. Nous avons trouvé que la caricature est l'art de "tout", un dessin exagéré, bouffon et une légende concise et piquante.
"…. le peintre de parodies a le cerveau plus littérairement organisé que celui des artistes qui n'ont souci que du beau; il s'occupe des choses de son temps, s'en indigne, et son indignation fait la force de son crayon ; mais c'est le fait qui le frappe, l'actualité, l'événement du jour. En un mot, le caricaturiste n'a pas, ne peut et ne doit pas avoir un cerveau synthétique; il dépense vite ses colères, les laisse rarement s'amasser en tas (à moins d'être comprimé par un système de politique restrictive)(…)."
Pour comble de zèle, nous avons, également, choisi d'établir une comparaison entre les œuvres des deux caricaturistes Moustafa Hussein et Jean Cabut afin de montrer les points de convergence et de divergence entre les deux dessinateurs et ainsi mettre en exergue la différence entre le niveau de liberté accordé à chacun soit en vertu de la loi ou selon ce qu'imposent les mœurs… En fait, " (…) les caricaturistes dérivent des maîtres exacts, de ceux qui peignent les accidents de la peau, les rides, les rugosités et les verrues. Ils exagèrent, rendent ridicule et grotesque ce qui était vrai; mais ceci est le côté purement matériel de la caricature. Si elle grossit seulement quelques détails à la loupe, comme il est arrivé quelquefois de nos jours, la caricature devient un monstrueux et bête microscope. Le caricaturiste doit atteindre et montrer le moral à travers le physique. S'il n'est pas ému ou indigné en prenant ses crayons, c'est un triste ouvrier qui accomplit un triste métier." Il est à noter que les deux caricaturistes ont commencé leur carrière en 1954.
La caricature est- selon le Petit Robert- un «dessin, peinture qui, par le trait, le choix des détails, accentue ou révèle certains aspects (ridicules, déplaisants)… ». Cette définition soutient que la caricature joue un rôle prépondérant dans la mise en relief des idées. Or, pour certains cet art est conçu comme moyen de divertissement, sa valeur vient en second lieu après la peinture et l’écriture. Il figure dans les journaux afin de distraire le lecteur et éviter la monotonie que peuvent procurer -chez lui- les articles riches en informations ou en idées profondes. Cependant, la caricature peut s’identifier aux arts de grande valeur, subtils, philosophiques et multidimensionnels. Elle s’adresse à toutes les mentalités, simples ou sophistiquées, et transmet un message qui s’adresse à l’intelligence du lecteur. Comme l’indique Majida Hatem, la technique de perception de la caricature ressemble à celle du rêve « qui transforme son contenu latent en contenu manifeste. »


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Title La caricature : Idéologie et Satire chez Mostafa Hussein et Jean Cabut
Authors Rawda Youssef Abou-Zeid
Issue Date 2016

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