Bâtardise et Paratopie dans L'Amant de Marguerite Duras

Abstract

Dans cette recherche, nous abordons le complexe de bâtardise chez Marguerite Duras. D'après le mythe de l'enfant trouvé, le protagoniste du roman passe pour un orphelin qui cherche à échapper à sa condition misérable soit en recherchant un père de substitution soit en accédant à un rang très élevé et en occupant une position noble au sein de la société grâce à la vocation littéraire. C'est le cas dans L'Amant de Marguerite Duras qui se distancie par rapport à sa famille et se proclame la fille de son amant chinois mais aussi la fille de son oeuvre littéraire. Quant à notre problématique, elle consiste à prouver que le maltraitement infligé à l'enfant par la famille peut être à l'origine de la création littéraire et que les souffrances vécues par l'auteur au sein de la famille "Donnadieu" ont contribué à l'essor de la littérature durassienne ainsi qu'à la notoriété de Marguerite Duras. Nous essayons de démontrer que l'individu peut se forger une nouvelle identité grâce à son oeuvre, loin de la famille biologique qui ne lui apporte qu'humiliation et opprobre. Nous étudions le mythe de l’enfant trouvé en nous fondant sur la notion de la"paratopie créatrice" avancée par Dominique Maingueneau mais en nous basant également sur la notion de la "filiation idéale" avancée par Freud. Pour ce qui est de la méthode que nous employons, nous adoptons l'approche "dialectique" qui nous permet de nous baser sur trois axes: 1. La thèse: L'appartenance aux Donnadieu, la famille biologique. 2. L'antithèse: Le complexe de bâtardise. 3. La synthèse: Filiation idéale et création littéraire. Dans la conclusion, nous constatons que la narratrice jouit de la"filiation idéale" grâce à la vocation d'écrivain, à la plume à laquelle la narratrice se consacre. En fait, elle cherche à être la fille de ses oeuvres et déclare ainsi sa non-appartenance aux Donnadieu. Par ce fait, le nom de famille "Donnadieu" est détrôné, supplanté par un autre nom: Marguerite Duras. Cette "filiation idéale" suffit à dédommager la narratrice de ses dégâts et à la débarrasser du complexe de bâtardise dont elle souffrait dès son enfance. Les mots- clés: le complexe de bâtardise- la paratopie familiale- la souffrance créatrice- la filiation idéale- le matricide- le fratricide- le père de substitution.