Esthétique de l’appareil Iconique Dans Iznogoud de Goscinny et Tabary

Abstract

L’étude analytique ainsi menée nous a permisde scruter les profondeurs d’IZNOGOUD, une des collections célèbres de Goscinny et Tabary, tout en nous basant surtout sur les enjeux narratifs et sémiotiques issus du verbal et de l’iconique. Cette étude ressort l’originalité narrative de l’œuvre en confrontant les deux facettes de la narration (monstrative et narrative) et l’on recèle dès lors, une interconnexion entre elles. La narration monstrative dans IZNOGOUD est traduite d’après plusieurs types de focalisation qui sont rattachés à la circulation du savoir. A travers des exemples sélectionnés, parmi tant d’autres, nous trouvons que le changement du foyer narrationnel dans la collection est dû, parfois, à la rétention d’information. D’ailleurs, la narration monstrative s’impose quelquefois dans l’œuvre au détriment de la narration scripturale alors que la fonction de régie spatio-temporelle implique essentiellement un narrateur scriptural omniscient.

D’emblée, le verbal est structuré selon deux axes : le premier correspond à l’interaction de la parole et du dessin au sein du cadre, alors que le second est celui du message linguistique lui–même. Dans IZNOGOUD, on trouve que les messages se complètent et sont tributaires l’un de l’autre.

Concernant les rôles respectifs de l’image et du texte (rapport texte/ image) dans la collection, il y a autant de registres redondants ou non pour un même moment narratif. Parfois le texte entretient avec l’image un rapport de complémentarité, de relais ou bien d’ancrage influençant ainsi le foyer narrationnel. Le narrateur a parfois recours à des métalepses et aux interprétations différées, ce qui lui permet de changer de niveau et d’exercer pleinement sa fonction communicative. Cependant, tous les fils de la narration monstrative, dans IZNOGOUD demeurent, de prime abord, entre les mains du narrateur monstrateur et celui-ci se plaît, de temps à autre, à devenir profilmique.

Le mode narratif dans IZNOGOUD est bien complexe en ce qu’il tient du récit et du cinéma actualisant, par conséquent, le visuel et le cognitif (le savoir), ce qui nous fait passer au traitement des schémas de vision. IZNOGOUD profite pleinement des mutualités entre les techniques cinématographiques et celles de la bande dessinée. Ainsi, le champ vaste de la collection IZNOGOUD permet-il une diversification des types nuancés d’ocularisation : ocularisation zéro, interne et spectatorielle.

Quant à l’échelle des plans employés dans la collection, nombreux sont ses types : plan d’ensemble, général, rapproché ou aussi, un gros ou très gros plan. Et les angles de vue sont, eux aussi, évocateurs permettant, en outre des plans, de communiquer en esquisse les idées du scénario et le point de vue adopté par les créateurs d’IZNOGOUD.

La diversité de la collection IZNOGOUD implique, aussi, une diversité des fonctions des cadres vignettaux : fonction de clôture, fonction structurante, lecturale mais aussi expressive indexant et mettant, conséquemment, en relief le référent iconique même de la vignette.

D’ailleurs, IZNOGOUD, comme toute bande dessinée est fondée essentiellement sur la séquentialité. C’est le cadrage qui tient essentiellement à délimiter et faire fonctionner cette séquentialité et qui représente le choix de l’auteur à cerner, dans un espace précis tout ce qui a rapport au récit à un moment donné. Le méga-narrateur dans IZNOGOUD dispose de plus d’un moyen : une mise en page conventionnelle, c'est-à-dire neutre à l’égard du récit, une organisation décorative où le récit, cette fois-ci, est adapté au motif choisi par le dessinateur, ou encore, le choix d’une disposition rhétorique et qui est la plus astucieuse des allures de la planche en ce qu’elle rythme, à la fois, récit et forme des vignettes.